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 La dictature des victimes - un héritage de la gauche?

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Date d'inscription : 15/04/2006

La dictature des victimes - un héritage de la gauche? Empty
MessageSujet: La dictature des victimes - un héritage de la gauche?   La dictature des victimes - un héritage de la gauche? EmptyDim 23 Avr - 3:03

20 avril 2006
La dictature des victimes - un héritage de la gauche?
Par Richard Martineau






Un texte que j'ai publié dans le VOIR il y a cinq ans, mais qui demeure toujours pertinent.

______

«Heureux les pauvres, car le Royaume des cieux est à eux.»

Vous vous souvenez de ces mots du Nouveau Testament? Vingt siècles après avoir été écrits, ils sont plus actuels que jamais. En effet, aujourd'hui, tout le monde et sa soeur est une victime: les minorités ethno-culturelles, les femmes, les handicapés, les hommes blancs hétérosexuels qui se croient incompris et persécutés... La société, autrefois unie, est maintenant divisée en centaines de groupes d'intérêt, chacun tirant la couverture de son bord et chacun revendiquant son morceau de paradis. C'est à savoir qui est le plus malheureux, le plus exploité, le plus innocent, le plus sanctifiable. Tout le monde a des droits, plus personne n'a de responsabilités.

Bienvenue au XXIe siècle, âge d'or de l'enfant-roi, où le citoyen-poupon ne cherche qu'une chose: faire ce qui lui plaît, quand ça lui plaît, sans rendre de comptes à personne... tout en demandant à Maman-Société de le prendre en charge et d'assurer sa sécurité. Bref, l'État me doit tout, je ne lui dois rien.

Après avoir traqué ce qu'il appelait la «mélancolie démocratique», Pascal Bruckner s'attaque maintenant aux deux maux de notre modernité: la victimisation et l'infantilisme.

Dans La Tentation de l'innocence, son plus récent essai paru chez Grasset, Bruckner pourfend brillamment l'idéologie victimaire qui est en train de découdre le tissu social.

Nous l'avons rejoint à son domicile, à Paris.

QUESTION: M. Bruckner, dans votre dernier bouquin, vous affirmez que l'idéologie victimaire est l'héritage de la gauche...

RÉPONSE: Effectivement, c'est la gauche qui a cristallisé la mentalité du «J'ai droit à...», «Je suis une victime et on me doit réparation...». Mais maintenant que la gauche et la droite se ressemblent, au point où on n'arrive plus à les distinguer, ce thème a cessé d'être l'apanage d'un seul clan. Il est repris par tout le monde, libéraux et conservateurs compris.

C'est la même chose pour ce que j'appelle «le discours infantile». L'idée que le citoyen a des droits mais aucune responsabilité, c'est le grand rêve des années 60. Les noces de l'État-providence, de la société de consommation et du mouvement libertaire ont créé une sorte d'utopie où le citoyen ne cesse de réclamer à l'État toujours plus d'avantages, toujours plus de prérogatives... On veut plus, toujours plus, sans jamais avoir à payer la note.

On conçoit la démocratie comme système où tout est permis. L'idée qu'on puisse imposer une limite à nos libertés, qu'on puisse mettre un frein à nos penchants nous est insupportable. Pour moi, c'est la preuve que nos démocraties sont malades. Dix ans après la chute du mur de Berlin, nous nous rendons compte que la démocratie est malade, malade dans sa tête, dans ses mentalités. En l'absence de véritables ennemis politiques, économiques et militaires, les démocraties se laissent lentement glisser sur la pente de la facilité, du laisser-aller, de l'abandon... Or, ce glissement est dangereux et risque de mener les démocraties à leur perte.

QUESTION: Selon vous, aurait-on poussé le concept de Charte des droits trop loin?

RÉPONSE: Je crois que oui. Nous avons élevé le concept de Charte des droits au rang de dogme, de religion. Or, la multiplication des droits tue le Droit. Tous ces traitements préférentiels finissent par engendrer de nouvelles inégalités... Tenez, aux États-Unis, récemment, un pauvre fermier s'est fait interdire un emploi parce qu'on lui a préféré une riche bourgeoise de San Francisco. Pourquoi? Parce que cette bourgeoise était une femme, donc membre d'une minorité opprimée. C'est ridicule et injuste!

Cela dit, l'Amérique du Nord et la France ont deux façons de traiter le problème de l'égalité. L'Amérique utilise la discrimination positive; et la France, le contrat républicain. Ces deux modèles sont en crise, mais je persiste à croire que le contrat républicain est meilleur. Dans une république, on ne garantit pas l'égalité des chances par l'origine, le statut social, la race ou le sexe d'un individu, mais par son mérite. Selon moi, c'est beaucoup plus sain.

En France, tous les citoyens sont égaux devant la loi. Alors qu'en Amérique, on pense en termes de communautés, de catégories... Les minorités ont chacune leurs droits; et la nation est divisée en d'innombrables groupes qui, tous, revendiquent le statut de victimes pour échapper à leurs responsabilités. Chaque minorité est un ghetto, chaque groupe est enfermé dans sa différence, et les autres n'ont pas le droit de leur reprocher quoi que ce soit. Cette façon d'envisager la société nie l'idée d'humanité.

QUESTION: Spike Lee a déjà dit que seul un cinéaste noir pouvait porter à l'écran la vie de Malcolm X. Que pensez-vous lorsque vous entendez ce genre de propos?

RÉPONSE: Que c'est le comble de l'esprit d'apartheid. Cela dit, ce n'est pas nouveau. Déjà, au XIXe siècle, Kierkegaard disait que seul un chrétien pouvait juger le christianisme. Dans le tiers-mondisme des années 60-70, une idéologie née en réaction à l'impérialisme des grandes puissances européennes, on retrouvait aussi cette mentalité-là, à savoir que seul un musulman a le droit de juger l'islam; que seul un hindou a le droit de juger l'hindouisme; que seul un chinois a le droit de juger le maoïsme...

QUESTION: Vous êtes donc contre le multiculturalisme tel que pratiqué en Amérique du Nord?

RÉPONSE: Tout à fait contre. Toutes les sociétés sont multiraciales, multiethniques, c'est un fait que l'on ne peut nier et dont nous avons à être fiers. Le cosmopolitisme est une force. Mais c'est une chose de célébrer et de valoriser sa culture d'origine, et c'en est une autre de la déifier.

Dans une société démocratique, il n'y a qu'une seule table de lois, et elle s'applique à tous les citoyens, quelles que soient leur religion ou leur race. Il faut une culture commune, et cette culture s'enracine autour de quelques valeurs qui sont les mêmes pour tous. Nous ne pouvons pas admettre qu'un musulman, parce qu'il est musulman, puisse pratiquer la polygamie ou l'excision en France. Ces pratiques sont contraires à la loi de la République.

Le multiculturalisme est un double échec. Primo, parce qu'il permet à certains groupes de se déroger à la loi. Et secundo, parce qu'il encourage l'esprit d'apartheid, en gardant les femmes avec les femmes, les gais avec les gais, les Noirs avec les Noirs...

QUESTION: On a parfois l'impression que la société de droits fait surtout plaisir aux avocats...

RÉPONSE: Il existe effectivement une industrie du droit. Dernièrement, à la télé française, on disait que le harcèlement sexuel était devenu une source de revenus pour certains cabinets d'avocats. Des femmes se promènent avec des appareils enregistreurs (des micros et des caméras balladeuses), et enregistrent toutes les propositions que leur font les hommes en se disant qu'un jour, ça pourra leur servir dans un procès! La reconnaissance d'un droit est devenu la source d'un nouveau chantage...

La révolution juridique a ses bons côtés: elle nous permet par exemple d'intenter des procès à l'État, aux administrations, à l'armée, bref, à tous les dinosaures intouchables de la République. Mais il faut imposer des limites, prévoir des dispositions législatives qui nous permettent de débouter les plaintes irrecevables, par exemple, ou d'interdire le racolage systématique auquel se livrent les avocats nord-américains...

QUESTION: Cela dit, le mouvement P. C. n'a pas eu que du mauvais...

RÉPONSE: Non, bien sûr. La revendication des peuples à exister par eux-mêmes et à se faire reconnaitre des droits est excellente. Mais quand tout le monde se déguise en victime pour obtenir des avantages immérités, ça devient dangereux.
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