Nombre de messages : 375 Date d'inscription : 20/04/2006
Sujet: La naissance du féminisme sexiste.... Jeu 27 Avr - 23:17
Citation :
Ce n’est qu’à ce stade que peut se développer un mouvement féministe qui remet en cause cette séparation perçue comme mutilation. Ce féminisme sera appelé « bourgeois » car ce ne sont que des femmes de cette classe qui ont la conscience immédiate de la contradiction entre la possibilité d’affirmer leur individualité libre et la limitation que représente le confinement dans certaines activités. Il est à la fois un mouvement de classe puisque issu de l’intérieur de la classe bourgeoise, mais il ne lui est pas réductible car il dévoile une contradiction du procès d’individualisation. De ce fait il n’est reconnu ni par sa classe d’origine (idéologie de la femme au foyer, pas de reconnaissance des droits politiques), ni par le prolétariat (anti-féminisme de Proudhon et priorité donnée à la revendication sociale par des militantes comme Louise Michel). C’est ce qui le met en porte-à-faux par rapport au conflit central entre les classes antagonistes. Son développement va s’en trouver limité, surtout dans les pays où cet antagonisme est particulièrement fort comme en Europe du sud.
Le mouvement féministe des années 60/70 va essayer de dépasser ce qui fut l’une des bases de son combat originel, la lutte pour l’égalité. Il va d’abord porter son combat sur la lutte pour des droits spécifiques autour des questions de la contraception et de l’avortement. Cette lutte permet une large alliance autour de collectifs mixtes et s’intègre dans ce que l’on peut appeler les « mouvements de libération de la vie quotidienne » d’après 68. Mais après la loi Veil, la lutte contre la domination des hommes va prendre de plus en plus d’importance avec un objectif principal qui devient la lutte contre les violences masculines et particulièrement le viol. La nécessité de constituer des groupes non mixtes rompt l’alliance précédente et assigne les hommes à une position d’ennemis. L’individu masculin serait dominant par nature et volontairement ou involontairement, il ne peut qu’être sexiste comme le dit Christine Delphy dans « Nos amis et nous : le néo-sexisme où le féminisme masculin » (Questions féministes n°1)et « la distinction entre bons hommes et mauvais hommes est illusoire : violeur et mari vont la main dans la main »