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 SOCIÉTÉ JUSTE OU SOCIÉTÉ VIABLE

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Date d'inscription : 15/04/2006

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MessageSujet: SOCIÉTÉ JUSTE OU SOCIÉTÉ VIABLE   SOCIÉTÉ JUSTE OU SOCIÉTÉ VIABLE EmptyMar 16 Mai - 5:50

SOCIÉTÉ JUSTE OU SOCIÉTÉ VIABLE

L'arbre qui mangeait ses racines

Rubrique politique d'Alain Larchier

A chaque grande échéance électorale, les candidats ont tous dans leur programme un projet pour une société plus juste. Mais il n'est rien de plus vague et de plus subjectif que la notion de justice. Quelle différence y a-t-il entre la justice et la légalité? La justice et le social? La justice et les droits de l'Homme?

Pour l'électeur au bas de l'échelle, appelé à donner sa voix et condamné ensuite à se taire, plus de justice signifie la correction des erreurs qui le lèsent, la sanction de ceux qui l'exploitent, l'octroi d'un niveau de vie décent, l'assurance d'avoir un travail pour lui et ses enfants.
Pour le jeune qui voit tant de nuages assombrir son avenir, plus de justice c'est la possibilité de recevoir une bonne formation professionnelle, d'avoir les moyens de sortir avec ses copains, d'habiter dans un quartier qui ne soit pas une zone poubelle.
Pour le smicard qui est imposé sur son salaire de misère, plus de justice c'est que l'État prenne l'argent là où il est, que les abus, les trafics, la corruptions soient réellement et durement châtiés, et qu'on cesse de le prendre pour un imbécile en lui disant qu'il n'y a pas d'autre politique possible.
Pour le nanti, pour celui qui profite du système sans se fatiguer, plus de justice, il n'en a rien à faire. Pour lui, ça va très bien, merci. Et plus de vraie justice ne pourrait que lui être néfaste. Tout ce qui protège ses privilèges ne peut être que juste, et tout ce qui les remet en cause, subversif, anarchiste, sacrilège.

L'histoire récente nous a montré que la moindre tentative pour réduire les inégalités les plus criantes se réduisait très vite à des mesures vides de toute efficacité, destinées seulement à faire patienter. Par exemple, la création du livret d'épargne populaire a été une vaste escroquerie. En le plafonnant à un montant ridicule, en en limitant l'accès aux pauvres parmi les pauvres, c'est à dire à ceux pour qui l'épargne est un luxe inaccessible, en offrant un taux dérisoire, c'était se moquer du monde. Une épargne populaire décente devrait pouvoir correspondre à la somme nécessaire à l'achat d'une petite voiture, et proposer un intérêt d'au moins 3% indexé au dessus de l'inflation.
Lorsque le premier ministre s'en prend à la petite épargne, et abaisse la taux du livret A de 4 % à 3 %, il ne commet pas seulement une injustice, il fait une monumentale erreur. Vouloir relancer la consommation en effrayant les épargnants était absurde. L'échec cuisant de l'opération a démontré son inopportunité. Le montant des sommes déposées chez l'Ecureuil est de l'ordre de 100 milliards d'euros. En réduisant de 1% la rémunération, il retire milliard de consommation potentielle par an. Cet argent qui avait toutes les chances de devenir de l'argent vif entre les mains des déposants, devient de l'agent mort au profit des banques.
La dette publique est un gouffre qui avale une partie énorme du revenu de l'impôt. Pourquoi peut-on réduire arbitrairement le taux du livret de caisse d'épargne et pourquoi se garde-t-on bien de toucher aux taux des emprunts qui ruinent la France ? Si c'est la loi qui permet cela, alors il faut changer la loi. Est-il juste que des emprunts souscrits lors des périodes d'inflation galopantes continuent à rapporter 14 ou 15 % en période de quasi déflation ? Est-il juste que l'on demande aux revenus les plus faibles, par le biais de la R.D.S. de payer ces intérêts somptueux aux nantis qui ont eu les moyens de souscrire en temps utile ?
Ce scandale n'existerait pas si les gouvernements successifs qui lancent des emprunts, ne le faisaient pas à taux fixe et garanti. Il serait beaucoup plus réaliste, encore une fois, de proposer un intérêt de 2 ou 3 points au dessus de l'inflation. Ceci aurait la double avantage de garantir le revenu du souscripteur, et d'arrêter la créance de l'Etat à une valeur connue. Si cette formule avait été retenue lors du lancement des emprunts des années 80, la dette sociale serait aujourd'hui considérablement réduite. Mais nos géniaux ministres ont été jusqu'à utiliser l'indexation sur l'or qui a coûté des sommes colossales au budget. L'avantage d'un emprunt, c'est qu'il repousse à plus tard le problème du remboursement. En période d'inflation, on compte sur l'érosion monétaire pour alléger la facture au détriment du souscripteur. Et si ça ne tourne pas comme prévu, on laisse un temps le soin à l'opposition de régler la note.

Lorsqu'une loi autorise un système qui asservi une majorité de la population à la volonté d'une minorité puissance, peut-on dire que cette loi est juste? Existe-t-il des lois injustes? Inadaptées, Incohérentes?
Toutes les lois sont arbitraires, parce qu'elles sont votées par des hommes qui les éditent, les amendent, les modifient en fonction de critères subjectifs. Qui peut dire pourquoi le taux de la CSG est fixé à 2,4 % et pas à 2,35 % ou 2,42 %? Comment ce chiffre peut-il être justifié, c'est à dire établi en fonction d'un critère de justice? On décide combien la CSG doit rapporter, et l'ordinateur calcule le taux correspondant. Oui, mais en fonction de quelle justice fixe-t-on le montant du produit de la CSG? Il ne s'agit pas de justice, mais de boucher un trou dans le budget général.

Est-il facile de dire ce qui est juste et ce qui ne l'est pas? A priori, oui. On pense être capable de discerner le juste de l'injuste, comme le bien du mal. Mais ce n'est pas aussi simple.
Prenons un exemple volontairement élémentaire.
Un groupe de dix jeunes vit dans un appartement loué en commun. Ce qui implique des règles de cohabitation. Les problèmes matériels étant réglés, les loisirs s'organisent, et on décide l'achat d'une antenne satellite qui reçoit 2 canaux. L'un consacré aux variétés, l'autre à la musique classique. Six jeunes sont fervents des variétés, les autres de classique. Comment choisir la proportion d'écoute de chaque programme pour être juste? On décide de voter.
Au cours de la discussion, il apparaît trois options :
1. C'est la majorité qui choisit et impose le programme de son choix.
2. On attribue 6 soirées aux variétés, et 4 au classique.
3. On donne le même nombre de soirées aux deux genres.

Quelle est la solution la plus juste? La première est brutale, c'est la loi du plus fort, et la minorité n'a qu'à subir. A l'évidence elle est injuste.
La seconde semble équitable. Mais l'est-elle plus que la troisième? Quel critère vous fera trancher entre les deux?
Si l'on considère la satisfaction de chacun avec les deux propositions, on voit que dans l'une, les amateurs de variétés sont comblés six jours sur dix, les amateurs de classique quatre jours sur dix. Dans l'autre, chacune des deux parties est satisfaite cinq jours sur dix.
Alors, quelle est la solution la plus juste? Pourquoi les individus du groupe majoritaire serait-il avantagés simplement parce qu'ils sont plus nombreux?

Il faut cependant noter que si la solution numéro 1 semble à rejeter, c'est pourtant celle qui régit les règles de gouvernement de notre république. Comment croire qu'un parti majoritaire, quel qu'il soit, se souciera de justice? Il faudrait pour cela qu'il accorde à l'opposition la réalisation de projets qui ne sont pas les siens. Alors que les deux préoccupations principales des politiques au pouvoir, c'est d'une part d'appliquer un programme qui leur soit favorable ainsi qu'aux supporters qui les ont mis en place, et d'autre part, de ne rien faire qui puisse compromettre leur réélection.
Comment croire qu'une entreprise, quelle qu'elle soit, se souciera de créer ou même de conserver des emplois, si son intérêt immédiat est d'augmenter ses profits par des licenciements? Alors qu'il semblerait juste que les gains de productivités soient partagés, et que la diminution des besoins en salariés se traduise aussi en partie par la réduction du temps de travail à salaire égal, et sans licenciement.


Aucune loi ne pourra sembler juste à tout le monde, tant qu'elle ne sera pas votée à l'unanimité. On arrive au constat que ce qui est juste n'est pas forcément légal, et que ce qui est légal à peu de chance d'être vraiment juste.
Le gouvernement, quel qu'il soit, rappelle toujours que les lois se discutent au Parlement, et non dans la rue. Mais lorsque la rue montre son opposition à un projet de loi, qui se trouve cependant voté, il y a une contradiction fondamentale. Les députés ne sont que les représentants de cette rue qu'ils méprisent, et en ne tenant pas compte de son avis, ils trahissent le mandat qu'elle leur a confié. S'il y a divergence flagrante entre les décisions du Parlement et l'électorat, c'est soit parce que ceux qui orientent la politique se moquent ouvertement de la démocratie, soit qu'ils sont si maladroits et incompétents, qu'ils sont incapable de faire passer le résultat de leur analyse dans le grand public.


L'esclavage a été pendant des siècles considéré comme légal, et constituait même la base de la civilisation romaine. Qui pourrait prétendre que la condition d'esclave est une condition juste? Et pourtant, certains esclaves, bien traités, bien nourris, logés, avaient peut-être un sort plus enviable que des exclus sans travail, sans ressource, sans logis, condamnés à tendre la main et à mourir de froid, parce qu'ils n'ont plus droit à rien, parce que leur demande de RMI s'est perdue dans une montagne de dossiers, parce que le RMI lui-même est devenu trop coûteux aux yeux de notre société libérale.

On ne peut pas parler de justice sans parler de fiscalité. L'impôt sur le revenu des particuliers se prétend juste parce qu'il est progressif. Dans le principe, cela semble équitable. Mais dans les faits ça l'est beaucoup moins. Le SMIC ayant été défini au départ comme un salaire minimum à une vie décente, on aurait été tenté de croire qu'il ne fallait rien lui retirer. Or, loin d'être le seuil d'imposition, il est déjà lourdement taxé. Les pauvres n'ont pas beaucoup d'argent, mais ils sont nombreux, et le peu que l'on prend à chacun est autant que l'on ne prend pas aux plus riches. A l'autre extrémité du barème, où la tranche d'imposition est revue à la baisse, la progressivité s'arrête. Que les revenus soient deux, dix ou cent fois plus élevés, le taux reste le même.

Une autre correction à cet impôt est la notion de part qui allège le tribut des familles. Mais il est d'une durée limitée, et ne s'applique plus lorsqu'un enfant majeur, sans emploi et sans ressource, reste à charge.

Pourtant avec ses imperfections l'impôt sur le revenu est infiniment moins injuste que l'impôt sur les sociétés. Le taux d'imposition est le même, qu'il s'agisse d'une PME avec cinq employés, ou d'un groupe utilisant cent mille personnes. Dans le cas d'une petite entreprise, le bénéfice, quand il y en a, est largement amputé. Or, c'est souvent l'unique source de financement pour la modernisation ou l'investissement. Les banques refusent de plus en plus de financer des sociétés « à risques », mais perdent volontiers des fortunes dans des aventures invraisemblables. Voir le Crédit Lyonnais.
Pourquoi l'impôt sur les sociétés ne serait-il pas progressif, avec la possibilité de non imposition pour les faibles profits, et une progressivité au fur et à mesure que la rentabilité augmente? Et ne serait-il pas possible d'instaurer un « quotient social » dans le même esprit que le quotient familial, qui permettrait de tenir compte du nombre de salariés? Et qu'à profit égal pour deux entreprises, celle qui offrirait le plus d'emplois paierait moins d'impôts que l'autre ?
On dira que réduire la contribution des sociétés à faible rentabilité causerait une perte importante de revenus pour l'Etat, car comme les pauvres, ce sont les plus nombreuses. Mais la perte pourrait être compensée si les profits excessifs étaient taxés.


Notre société est injuste, et elle est condamnée à le rester. Elle peut seulement être plus ou moins injuste. Mais est-elle encore viable ?
L'arbre mange une à une ses racines, et s'il continue, un jour, il n'en aura plus. Et comme tout les arbres sans racines, il tombera.
Un simple calcul montre que si les 3 500 000 chômeurs, plus tous les demandeurs d'emplois non répertoriés avaient un travail rémunéré au SMIC, il n'y aurait plus aucun problème de Sécurité Sociale, de retraites, de consommation. L'Etat pourrait réduire les taxes sur les carburants, les cotisations sociales, la TVA, tout en voyant ses ressources augmenter.
Pourquoi ce qui était possible il y a 20 ans ne l'est-il plus aujourd'hui ? La France ne s'est pas appauvrie, et le patrimoine national existe toujours et prospère. Seulement il change de mains. Lorsqu'un groupe industriel rachète une société, on appelle ça de la croissance externe. Mais il y a toujours des déchets rejetés. Certains parlent de restructuration, d'autres, de « faire le ménage ». Dans tous les cas, ça consiste à intégrer certains salariés aux équipes existantes et à se débarrasser des autres. Croissance externe = chômage. Et on laisse faire.
L'écologie est la bête noire des fabricants de profits. C'est un frein à l'expansion, c'est une agression contre la rentabilité. Peu importe que les rivières soient des égouts, un conseil d'administration peut toujours aller à la pêche au Canada ou ailleurs. Peu importe les déchets nucléaires, on ne sera plus là pour devoir affronter les vrais problèmes qu'ils poseront un jour. Peu importe l'épuisement des ressources naturelles, il y en a encore assez pour notre génération et la suivante. Peu importe la pollution des villes quand on a un appartement en montagne, un autre à la mer, et que l'on vit dans un quartier protégé.


A suivre...
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MessageSujet: Re: SOCIÉTÉ JUSTE OU SOCIÉTÉ VIABLE   SOCIÉTÉ JUSTE OU SOCIÉTÉ VIABLE EmptyMar 16 Mai - 5:50

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L'écologie, c'est du long terme, et le profit c'est du court terme. Tout le problème est là. C'est le profit immédiat qui compte. Peu importe que l'on ravage la planète, que l'on prive les trois quarts de ses habitants d'un minimum indispensable à une vie normale.
Parce que la société humaine, comme la nature est lente à réagir, et que les conséquences des actes inqualifiables perpétrés contre cette société n'apparaissent pas immédiatement, la voie est libre. Qui se soucie du long terme ? On ne sera pas là pour le voir.
C'est ce qu'auraient pu dire les bâtisseurs de cathédrales. Aujourd'hui, une telle entreprise serait considérée comme une folie. Qui oserait proposer la construction d'un édifice, qui demanderait deux cents ans ? Alors que l'on brade la recherche pure au profit de la recherche appliquée, et que la seule recherche à long terme qu'on prenne encore en compte est la recherche militaire ? Colbert avait fait planter des chênes pour la marine royale du XXe siècle. Quel ministre oserait proposer un investissement utilisable dans deux siècles? Et pourtant, si Colbert n'avait pas fait planter ces arbres, l'industrie du chemin de fer n'aurait pu trouver de quoi faire les traverses qui ont permis son développement.
Plante-t-on des chênes aujourd'hui ? Non, c'est un arbre à pousse lente, ce qui le condamne vis à vis du profit. Pauvre forêt ! Les arbres n'ont pas de chance ! On dit solide comme un chêne, mais notre société sent le sapin.
Et pourtant la comparaison avec la forêt est éloquente. Les multinationales sont les troncs géants qui n'ont qu'une ambition : aller toujours plus haut. Elles ont oublié l'histoire de la tour de Babel. Ces géants qui poussent à coup d'engrais monétaires, de fumier d'indice boursier, de dopants délocalisés, d'élagage de main d'oeuvre, stérilisent la terre alentour. Les petits arbres qui apportaient leur humus à la forêt sont soit absorbés par les titans qui les dominent soit condamnés à crever faute de soleil. Les arbustes à leur tour subissent les atteintes de l'ombre maléfique de ces arbres dont les branches ne laissent plus tomber de fruits.
Et comme l'humus se fait plus rare, les géants mangent leurs racines pour pousser plus haut. Car leurs racines, ce sont tous ces non rentables qu'ils rejettent, qu'ils ignorent. Une machine peut faire le travail de dix, de cent, de mille ouvriers. Mais elle ne consomme pas. Elle ne fertilise pas. A quoi sert-il de produire un téléviseur dix fois moins cher qu'il y a vingt ans, s'il reste invendu ? Dans les années 70, son prix représentait deux mois de travail pour un ouvrier, mais il se vendait, à crédit, et beaucoup d'ouvriers en possédaient un, avec une seule chaîne, et en noir et blanc. Maintenant, on a la couleur, six chaînes ou le satellite, des programmes nettement moins bons, vérolés par la publicité et le même ouvrier pourrait acheter son poste avec une semaine de salaire. Seulement il est au chômage.


Notre société est elle encore viable ? On parle de fracture sociale en France. Notre économie marche avec un plâtre. Et le gouvernement fait des replâtrages. En favorisant l'action associative, il se décharge d'une partie importante de ses obligations. Les restaus du coeur permettent de diminuer les morts par famine, les Compagnons d'Emmaüs offrent un abri contre le froid, le Téléthon compense les restrictions de budget de santé, Médecins du Monde donnent les soins que ne peuvent plus assumer les sans ressources et sans sécurité sociale... Que serait la situation dans notre pays sans les milliers de bénévoles qui se dévouent gratuitement pour venir en aide aux laissés pour compte du profit ? D'un côté, une minorité de rapaces qui détiennent la fortune, de l'autre, une masse de braves gens désintéressés.


Le comble de l'ignominie est atteint quand des truands se cachent sous le couvert d'associations d'intérêt général pour détourner des dons à des fins « d'enrichissement personnel » Pourquoi a-t-on peur des mots, et ne dit-on pas que ces gens sont des voleurs ?

Notre société fait encore illusion. Les supermarchés brillent de toutes leurs lumières, et ratissent large en stérilisant le petit commerce traditionnel. Les sans emplois se tiennent tranquilles, culpabilisés par la honte de ne pas pouvoir travailler, accrochés comme à une bouée aux miettes qui leurs permettent de survivre. Mais la cassure s'amplifie entre les géants de la forêt et les arbustes rachitiques.
Jusqu'où pourra-t-elle aller ? Il suffit de regarder le monde, le Tiers monde. En Ethiopie, le revenu moyen est de 1,5 € par semaine et par personne. Qui se sent concerné ? A Madagascar, les enfants sont traités comme des esclaves, travaillent sans salaire, uniquement pour la nourriture. A côté d'individus immensément riches.

Comment un chef d'état africain peut-il être une des plus grosses fortunes du monde alors que son pays est dans la misère ? C'est loin, tout ça. Mais c'est toléré par tous les gouvernements de la planète. Et si c'est admis là-bas, pourquoi cela ne le serait-il pas un jour chez nous ?
On prétend que les charges sociales sont insupportables pour les entreprises, ce qui justifie les restructurations, et les compression de personnel. Un exemple prouve que ce n'est pas toujours le cas. Jean Pierre Halbron, directeur général d'Alcatel Alsthom déclarait, lors de la publication des résultats de son groupe : « Le coût de la main-d'oeuvre directe ne représente que 2% du prix de revient de nos équipements télécoms. Pour réduire nos coûts, nous devons donc faire porter nos efforts sur la conception des matériels et sur nos approvisionnements ».
Cette déclaration laisse rêveur. La création de 50% de nouveaux emplois ne coûterait que 1% de charges à cette société. Or, gagner 1% de productivité ne serait sans doute pas difficile si c'était un challenge proposé au personnel pour créer de nouveaux postes de travail. Et si Alcatel Alsthom se trouve en compétitions avec d'autres groupes plus performants, cela veut dire que les charges salariales de ces sociétés sont au pire du même ordre de grandeur. Donc le prix de la main-d'oeuvre n'est pas la cause de la crise de l'emploi chez les géants de l'industrie. Mais créer des emplois dont ils n'ont pas vraiment besoin est pour eux une absurdité. Il vaut mieux accorder des traitements de nababs aux cadres dirigeants.


Tout notre système économique est basé sur la croissance. Si elle stagne ou régresse, il y a crise, si elle grandit, la machine repart. On ne crée du travail que lorsqu'il devient impossible de s'en passer. Il s'agit d'un équilibre dynamique instable qui ne fonctionne que par la fuite en avant. La croissance peut-elle être illimitée ? Ne serait-il pas urgent de penser à un autre système ? Avec la montée du chômage, la baisse de la consommation qui en découle, comment peut-on encore miser sur la croissance ? Surtout quand elle est due essentiellement aux exportations. La marché intérieur de l'emploi n'en recueille pas les fruits. Nous vivons dans un monde fini. La croissance indéfinie est une absurdité, et il faut être un fou pour y croire… ou un économiste.


La forêt se dépeuple, mais on compte encore conquérir de nouveaux territoires. Pour y planter quoi ? Et où plantera-t-on quand il n'y aura plus de terre à exploiter?

http://www.cooperationhommefemme.com/journal/Avril_2006/rubrique_juste_1_15_4.htm
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